Il nostro Console Generale Onorario per la Francia, il Barone André Triquet (nella foto qui a fianco) ci ha segnalato un articolo che il quotidiano francese Le Dauphiné Libéré ha pubblicato la scorsa domenica, 13 febbraio, sul nostro Principato: La principauté qui défie l’Italie (Il Principato che sfida l’Italia).
Ve lo proponiano qui sotto nella sua versione originale:
Seborga était jadis sous la protection de la Maison de Savoie.
La principauté qui défie l’Italie
La vue sur Monte-Carlo est imprenable. Mais pour le standing, c’est une autre paire de manches. Et pourtant ils en rêvent les Séborgiens d’être logés à la même enseigne que leur richissime voisine. Mais ici ni luxe, ni banques ou casino, les paillettes ne supportent pas l’altitude.
Perché sur son confetti rocheux, Seborga n’a que deux ou trois boutiques à offrir dans un entrelacs de ruelles, une église du XIII e et 350 habitants sourds au brouhaha de la Riviera. Sept fois la superficie de Monaco tout de même, autant dire un empire...
Pour toute fortune, les Séborgiens cultivent les fleurs à parfum et une histoire arrimée à un comte de Vintimille qui lègue le village aux Cisterciens de l’Abbaye de Lérins en 954. Le comte est bon, Seborga est aussitôt déclaré “principauté souveraine”. Les “sécessionnistes” d’aujourd’hui sont formels, l’histoire qui suit confirme le statut à part de ce bourg à la destinée sans nuages.
Il a fallu cette fichue Seconde Guerre mondiale pour que sonne le glas de la dissidente. Placée jusqu’en 1945 sous l’aile de la Maison de Savoie, la Principauté est confisquée par l’Italie comme tous les biens des Savoie. L’Italie ne prend pas de gants, “l’annexion” est sans appel. Les Seborgiens paient au prix fort leur “neutralité” pendant le conflit...
Comme bon sang ne saurait mentir, en 1963 les Seborgiens bousculent la République italienne et élisent un nouveau Prince. Ce sera Giorgio Carbone, dit Giorgio 1 er, une bouille sympathique de capitaine Haddock. Désormais Rome et tutti quanti n’ont qu’à bien se tenir.
A l’entrée du village, une guérite marque la frontière. Au faîte de chaque maison, le drapeau aux bandes blanches et bleues, en référence aux Templiers fondateurs, flotte au vent de la liberté. Pendant qu’elle y est, Seborga “l’indépendante” édite ses timbres et frappe monnaie: le Luigino est modestement indexé sur le dollar US! Plaque d’immatriculation, passeport et hymne national complètent la panoplie un brin folklo.
Alors que le gouvernement de neuf ministres prend de haut la mairie communiste, consuls et ambassadeurs veillent au rayonnement international de la principauté. Chaque 20 août, pour la Saint-Bernard (encore les Templiers), c’est la fête nationale rythmée par l’orchestre de chambre maison. Et si d’aventure la Constitution est discutée, le Conseil des Prieurs et celui de la Couronne mettent d’accord les plaideurs...
André Triquet, anobli par Giorgio 1 er et consul général en France, aligne avec fierté les cartes de vœux 2011. Nicolas Sarkozy s’est fendu d’un message sympathique. Un signe de reconnaissance évident: “je pense qu’il regarde ce qu’il signe”. Qui en douterait...
Après trois procès avec l’Etat italien, “tous gagnés” selon André Triquet, Seborga s’en remet aujourd’hui à la Cour européenne. Que les magistrats strasbourgeois remettent à l’endroit le droit international!
Le baron André Triquet croit dur comme fer que justice sera rendue: “pensez que le Français est la langue officielle ici depuis toujours”. L’école italienne s’en moque comme d’une guigne, mais qu’importe. Le consul, plus seborgien que les Seborgiens, guette la moindre faille dans la cuirasse italienne: “le bureau de poste local, celui de la Poste italienne, appose la flamme de la Principauté sur le courrier”. Si la République fait la courte échelle à la couronne...
Giorgio 1 er décédé, Marcello 1 er a repris le flambeau l’an dernier. Marcello Menegatto pour l’état-civil. Un “promoteur immobilier milliardaire et au bras long, toujours entre deux avions, un pied à Monaco, un autre à Lugano pour ses affaires”, chuchotent les Seborgiens.
Amateur de courses de bateaux off-shore, marié à une ravissante allemande, le prince de 32 ans annonce la couleur: “obtenir la totale indépendance”. Et faire des affaires. En projet, un golf de 27 trous dans la pinède autour d’un hôtel de luxe avec piste pour hélicoptère. Un Yacht club sélect, un Automobile club de la même trempe et des galeries d’art feront de Seborga le nouveau rendez-vous chic de la Côte, foi de prince...Au pays de Berlusconi, le clinquant est une seconde nature.
Sur la place des Patriotes, les gardes habillés et rémunérés par Marcello 1 er posent pour les touristes. Et au palais, un bâtiment provisoire en attendant la restauration coûteuse du futur édifice, les secrétaires du prince donnent un visage à l’administration princière.
Et si la vérité historique était le cheval de Troie d’un paradis fiscal ? “La Constitution stipule que les impôts sur les sociétés ne doivent pas dépasser 10% ici”, concède André Triquet. “Avec le Luigino fixé sur le dollar, n’hésite pas le diplomate, Seborga est une entrée pour les Américains dans la zone euro”. “L’Italie craint par dessus tout d’avoir à verser des dédommagements si la principauté rentre dans ses droits”, tranche-t-il. C’est vrai que Berlusconi n’a pas besoin de ça en ce moment...
A minima, Seborga se verrait bien gratifié de zone franche ou “territoire associé à l’Italie”. Un baume sur l’amour-propre bafoué. Et un sérieux coup de pouce au business. Après tout, au pied de la principauté, Vintimille étale bien sa camelote contrefaite sous le nez des carabiniers...
(Fonte: http://www.ledauphine.com/isere-sud/2011/02/12/la-principaute-qui-defie-l-italie - Le Dauphiné Libéré - Georges BOURQUARD 13/02/2011)